La Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle, Garante de la liberté des médias et de leur indépendance en Tunisie
Instituer une instance indépendante qui veille à la garantie de la liberté de la communication audiovisuelle est considéré comme un événement phare dans l’histoire de la communication en Tunisie. Créée le 3 mai 2013 par le décret-loi 116-2011 du 2 novembre 2011, la HAICA a été exclusivement investie de l’organisation du secteur audiovisuel et de sa régularisation. Elle a enfin pour mission de garantir la liberté d’expression et le pluralisme des idées et opinions pour toutes les radios et télévisions tunisiennes.
Les mutations du paysage audiovisuel en Tunisie
Avant janvier 2011, le secteur de la communication, public comme privé, était orienté vers la consécration de l’opinion unique, de la voix unique et du parti unique où les institutions audiovisuelles faisaient partie de la machine politique gouvernementale qui détenait le monopole de la communication et la consacrait à la propagande pour le chef de d’État et pour son parti politique.
Ainsi, radios et télévisions tunisiennes étaient qualifiées plutôt de médias gouvernementaux et financées par des fonds publics. Même les médias privés étaient détenus par les proches du pouvoir en l’absence totale de transparence et d’égalité dans l’octroi des licences.
Après la révolution, ce système médiatique s’est effondré, laissant la place à la consécration progressive de la liberté des médias audiovisuels et de leur indépendance, répondant ainsi à la volonté du peuple et à ses aspirations, mais également à l’institution d’un cadre juridique plus adapté à une Tunisie nouvelle. Un cadre qui consacre les principes du pluralisme d’expression des idées, des opinions et de la diversité. Ce nouveau contexte a engendré un ensemble de textes juridiques et réglementaires sous forme de décrets-lois qui seront voués à évoluer une fois que les institutions démocratiques seront établies.
Une instance de régulation garante de la liberté de la communication audiovisuelle et de son indépendance
Malgré la mise en œuvre tardive du décret-loi 116 et l’anarchie qui a marqué le secteur audiovisuel, la HAICA n’a épargné aucun effort depuis sa création en mai 2013 pour garantir la liberté d’expression et d’information, l’indépendance et le pluralisme des médias dans un contexte social et économique difficile. La HAICA dispose, compte tenu du décret-loi 116, de prérogatives règlementaires et administratives qui lui permettent d’organiser le champ audiovisuel et garantir son bon fonctionnement. Elle veille, notamment, sur la garantie de l’accès des différents candidats des listes électorales à tous les médias durant la période électorale de manière équitable. Aussi, la HAICA est-elle investie d’attributions consultatives dans l’élaboration des textes législatifs et règlementaires relatifs au secteur de la communication audiovisuelle et émet un avis conforme quant à la nomination des présidents directeurs généraux des établissements publics de la communication audiovisuelle. La HAICA a mis en place, au profit des journalistes et des professionnels du secteur audiovisuel, des mécanismes d’accompagnement, d’orientation, notamment dans le cadre d’ateliers de formation. Elle publie périodiquement des documents de référence pour les différents acteurs du secteur visant à renforcer les mécanismes d’autorégulation. Elle élabore régulièrement des rapports sur le pluralisme politique dans les médias audiovisuels et sur le traitement médiatique de certains évènements d’actualité.
Un paysage pluraliste et diversifié
Depuis sa création, la HAICA joue un rôle prépondérant dans l’organisation du secteur audiovisuel et dans la consécration du pluralisme et de la diversité. Ainsi le paysage médiatique compte désormais 53 chaînes de télévision et stations de radio publiques et privées, dont 12 chaînes de télévision et 41 chaînes de radio, y compris 26 stations de radio régionales. Les chaînes de télévision comptent deux chaînes de service public et 10 chaînes privées. Les stations de radio comprennent, quant à elles, 11 stations de radio de service public, 19 stations de radio privées, 9 stations de radio associatives et 2 stations de radio confisquées.
Objectifs et perspectives
La HAICA a défini un ensemble d’objectifs stratégiques visant à réglementer, promouvoir et développer le secteur audiovisuel en misant sur la qualité des contenus, en élaborant des études et des recherches et en développant un ensemble de pratiques au bénéfice de l’organisation du secteur, conformément aux dispositions de la Constitution de la République tunisienne de 2014. Celles-ci accordent une place de choix dans son chapitre VI aux instances constitutionnelles indépendantes et notamment, à l’Instance de la Communication Audiovisuelle (article 127) qui a pour mission de soutenir la démocratie, de garantir la liberté d’expression et des médias et de promouvoir un paysage médiatique pluraliste et transparent. En octobre 2017, la HAICA a été élue vice-présidente du Réseau Francophone des Régulateurs des Médias (REFRAM).